02/04
Trame noire
Trame noire
Sur la place de Vologda au parc du Heyritz, des phrases et des signes graphiques sont tracés au sol, au pied des réverbères, la nuit ces derniers éclairent ces marquages et en donnent une clef de lecture.
Ressources thématiques
• OFB – La découverte de la Trame Noire
• Ville et Eurométropole de Strasbourg – Spatialité de lumière artificielle,une domination sur l’environnement ?
• Futura Sciences – Quel est l’impact de la pollution lumineuse sur les organismes ?
• Emeline Férard, La pollution lumineuse jouerait un rôle crucial dans le déclin des insectes, GÉO, 2019
• Leslie Bourrelier, Le rouge-gorge perturbé par la pollution électromagnétique, Le Figaro, 2014
• Richie Hertzberg, Pourquoi certains insectes sont-ils si attirés par la lumière ? 2018
Références graphiques
• Karelle Ménine, Ruedi Baur, La phrase - Une expérience de poésie urbaine, éditions Alternatives, 2016.
• Vimeo – La Phrase Mons 2015
• Pixel création – La phrase de Ruedi Baur et Karelle Menine
• Teamlab, Moving Creates Vortices and Vortices Create Movement, National Gallery of Victoria Melbourne, 2017/2018
• Malte Martin, Fais-moi signe !, édition de l'oeil, 2015.
• Social Design – Malte Martin, Fais-moi signe ! – Les Mureaux
La lumière nuit
L'impact de la pollution lumineuse sur les flux de la faune
Dérèglement biologique, chasse compromise, reproduction interférée, attirance mortelle, désorientation spatiale, etc.
Plus le temps passe, mieux nous comprenons les effets négatifs de la pollution lumineuse sur la vie nocturne de la faune. Cette installation in situ au parc du Heyritz s’observe de jour comme de nuit. En journée, on distingue des mots peints sur l’asphalte et des nuées de signes graphiques, qui semblent s’adapter à des formes invisibles.
À la nuit tombée, lorsque les lampadaires du parc s’illuminent, les faisceaux de lumière sur le sol donnent la clef de lecture du projet. Le passant comprend alors que les textes et les signes graphiques suivent les mouvements d’attirance, de répulsion et de désorientation des animaux vis-à-vis de la lumière. Cette installation illustre le dérèglement des flux des animaux causé par la pollution lumineuse.
Trame noire, trame nocturne… De quoi parle-t-on ? Pour le comprendre, il est nécessaire de présenter l’outil de prise en compte de la biodiversité en aménagement et urbanisme : la trame verte et bleue (ou TVB). Ce concept identifie et protège les réservoirs de biodiversité, et les corridors qui permettent de les relier directement ou non. Ces espaces doivent permettre aux espèces de XX leur cycle de vie : se nourrir, se déplacer et se reproduire. Mais lors de l’élaboration de l’outil, les humains que nous sommes ont oublié qu’un grand nombre d’espèces vivait… la nuit. Et que l’obscurité leur était nécessaire. Ainsi, depuis quelques années émerge un nouveau concept, la trame noire, ou nocturne, ou sombre.
De la même manière que pour la TVB, elle consiste à identifier des réservoirs et des corridors pour la biodiversité où la pollution lumineuse serait absente ou très fortement minimisée. Sur une planète de plus en plus éclairée où les lumières se voient de l’espace, le challenge est de taille…
La Ville et l’Eurométropole de Strasbourg travaillent à identifier la trame nocturne sur leur territoire, en collaboration avec les communes volontaires. Des plans d’action spécifiques sont en construction pour lutter contre la pollution lumineuse et ses impacts sur la biodiversité locale.
Dernier grand parc strasbourgeois, le parc du Heyritz a été inauguré en 2014. Le parc a conservé le caractère naturel des lieux : sur le 8,7 ha (dont 1,5 ha de bassins), certains espaces boisés restent inaccessibles pour assurer la tranquillité de la biodiversité locale, et le bassin est mis en valeur grâce au ponton flottant de 300 m de long agrémenté d’îlots de végétation flottants. Le parc, comme les autres grands espaces verts strasbourgeois, est éteint la nuit afin de limiter la pollution lumineuse et préserver la trame nocturne.
Sa création s’est fait en concertation avec les usagers (riverains, conseils de quartier…) grâce à la mise en place d’un atelier de projet. Le bureau d’études « Villes et Paysages » en est le concepteur en association avec « EGIS France » et « Les Éclaireurs ». Le projet a été lauréat du Grand Prix de l’Aménagement urbain en 2015.
Trois concepts animent le parc :
– de la terre à l’eau, un fil conducteur guide les promeneurs depuis les jardins familiaux jusqu’à la promenade des berges ;
– s’amuser, la création d’un pôle « sport et loisirs » à l’Ouest ;
– se rencontrer, la création d’une zone d’animation à l’Est.
Lumière envahissante :
Pour une partie des mammifères, la pollution lumineuse nocturne a un effet de répulsion. Ces espèces évitent les sources de lumière, car elle dérègle leur activité de chasse. C’est notamment le cas des chauves-souris.
Lumière enivrante :
Les papillons de nuit sont attirés par la lumière et se regroupent ainsi en grand nombre autour des sources lumineuses. Néanmoins, cette attirance leur est fatale. Mangés par des prédateurs, fatigués par l’excitation que leur procure la lumière ou encore brûlés par la chaleur de la source lumineuse, les papillons de nuit font face à un piège mortel.
Lumière étourdissante :
Certaines espèces d’oiseaux migrateurs, comme les rouges-gorges, voyagent de nuit et se repèrent à l’aide des étoiles et de la lune. Désorientés et trompés par les sources de lumières artificielles, il existe un fort taux de mortalité pendant la migration de ces espèces à cause des collisions directes ou bien à cause de leur exposition à la prédation.
