01/01
Berges ensauvagées
Berges ensauvagées
Depuis les berges du fossé du grand bastion parc de la Citadelle, on aperçoit dix disques de bois dériver, portant chacun une lettre du mot « ensauvagir ».
Ressources thématiques
• ANVL / Natureparif – Guide de gestion écologique des espaces collectifs publics et privés
• Cerema, Climat & Territoires de demain – La conception et la gestion écologique des espaces de nature : illustrations et présentation des outils
• Descola, Philippe, Par-delà nature et culture. Gallimard, 2015
Références graphiques
Ensauvagir
Berges à l'abandon ou ensauvagées
Dans un tissu urbain où chaque parcelle de terrain est organisée, nettoyée, rationalisée, bâtie, la « nature » a du mal à trouver sa place. Dans le contexte écologique actuel, on peut se demander comment agir pour la biodiversité. C’est parfois laisser faire, redonner à un espace une forme de spontanéité.
La végétation désormais non contrainte ou apprivoisée devient plus touffue et nous paraît plus chaotique, mais elle devient aussi plus accueillante pour la faune.
Si le mot « ensauvagir » paraît paradoxal puisqu’il implique une action humaine, il questionne justement notre rapport à cette nature au sein de notre société, apportant un autre modèle de cohabitation plus harmonieuse, basée sur l’autonomie et le respect de chaque espèce.
Le terme sauvage est fortement empreint d’un historique de pensée occidentale anthropocentrée et conquérante. Il a été utilisé pour différencier et mettre à l’écart. Ici, il fait corps avec l’eau à travers des lettres peintes à la main qui se libèrent de la structure classique de la typographie pour prendre des formes plus piquantes et organiques. Le message mouvant s’intègre au paysage des berges du parc de la Citadelle pour mettre en valeur une inaction visible et nécessaire.
Les espaces verts urbains sont souvent appréhendés davantage du point de vue de leurs usagers. Pelouses taillées aux ciseaux, haies aux cordeaux, espaces de jeux et de sport…
Mais aussi réservoirs de biodiversité ! En effet, au sein de nos villes de plus en plus étalées et de plus en plus denses, chaque espace de nature a son importance. Mais un espace géré de manière extrêmement horticole permet-il à la biodiversité de s’épanouir ? Pas pour toutes les espèces, qui n’ont pas la même tolérance à la présence de l’être humain et à ses goûts paysagers. Ainsi, il devient nécessaire si l’on souhaite accueillir la biodiversité, de lui faire une place et de la penser dans la gestion des espaces verts. La gestion écologique, développée depuis quelques années, cherche à varier les intensités de gestion et de faire une place à toutes les espèces, animales, végétales, et humaines bien sûr.
Des espaces sont donc laissés en libre évolution… et interdits d’accès aux animaux à deux pattes ! C’est le cas notamment d’une berge au parc de la Citadelle et d’un bois au parc du Heyritz, tous deux labélisés Ecojardin.
Le parc de la Citadelle, un agréable espace vert de 11 ha, est aménagé sur l’ancienne place forte de Strasbourg dont Vauban avait dessiné les plans en 1681. Détruite lors du siège de Strasbourg en 1870, il aura fallu attendre 1964 pour que le site soit réhabilité en jardin. Aujourd’hui, un des parcs urbains les plus importants de Strasbourg, il est plébiscité par les citoyennes et les citoyens strasbourgeois pour flâner, faire du sport ou observer la faune des bassins parmi lesquels on peut compter… des tortues ! Principalement de Floride, elles ont été relâchées là par quelques citoyens indélicats.
Par ailleurs, tous les espaces ne sont pas accessibles aux visiteurs : une partie des berges est clôturée, afin de laisser à la biodiversité un espace de libre évolution et de tranquillité. En effet, aucun entretien n’est réalisé.
Tout comme le parc du Heyritz, ou l’ensemble des autres grands espaces verts strasbourgeois, le parc est éteint la nuit pour limiter la pollution lumineuse et préserver la biodiversité nocturne.
La presqu’île de la Citadelle a été aménagée pour faciliter la navigation fluviale vers le Rhin, elle est entourée des bassins Dusuzeau, Vauban et Citadelle construits entre les années 1880 et 1930. Elle accueille alors un port charbonnier et le Port autonome de Strasbourg y construit plusieurs bâtiments afin d’assurer l’extension de ses installations industrialo-portuaires.
Parmi ces bâtiments, les deux halles portuaires de la rue de Nantes ont été édifiées en 1936 et 1947 par l’architecte Welhelm Wolff sur commande du service technique du Port.
Véritable marqueur de l’histoire portuaire de la presqu’île, les bien dénommées « Halles Citadelle » font aujourd’hui l’objet d’une démarche d’occupation transitoire ayant pour but de définir le futur de ce lieu central pour la vie du quartier en devenir « Citadelle » et ses quelque 2000 habitants.